Bouger pour ne pas sombrer : la renaissance d’Amélie Challeat par le sport
Comment retrouver confiance en son corps après une grossesse difficile ? Comment se (re)mettre au sport quand on est jeune maman, débordée et submergée par les émotions ? Dans ce témoignage plein de résilience, Amélie, entrepreneure et maman de deux enfants, nous partage son parcours
Elle raconte comment le sport est devenu, après une naissance prématurée et une séparation, un véritable levier de reconstruction, de force et de reconnexion à soi. Un récit fort, inspirant, pour toutes les femmes qui veulent reprendre possession de leur corps, à leur rythme, loin des injonctions.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours et votre rapport au sport avant la maternité ?
Je suis devenue mère à 24 ans, puis à 36 ans. À chaque fois, le sport n’avait jamais vraiment trouvé sa place dans ma vie. J’avais une passion pour le surf (bien qu’étant une assez mauvaise surfeuse, vivant à Paris), mais c’était le seul sport qui ne m’ennuyait pas. À l’époque, l’idée de rentrer dans une salle de sport me semblait ahurissante…
Y a-t-il eu un moment clé, un déclic, qui vous a poussé à commencer, reprendre ou intensifier votre activité sportive ?
La séparation avec mon mec.
(Spoiler : on s’est remis ensemble.)
Mais voilà, je m’étais remise au sport, par à-coups, après la naissance extrêmement prématurée de ma fille, mais je n’arrivais plus à aimer, ni à prendre vraiment soin de ce corps qui m’avait « lâchée » à 26 semaines de grossesse. Je haïssais mon ventre. Ma cicatrice de césarienne… Je n’arrivais pas à me regarder vraiment, à me motiver, ni à avoir une activité sportive régulière.
Et puis on s’est séparés, et je me suis effondrée. Là, je me suis dit : soit je bouge, soit je crève. J’y allais comme un zombie. J’y allais pour ne pas rester dans mon lit à pleurer toute la journée. J’allais souvent rejoindre des copines… Je ne sais même pas si elles savent combien elles m’ont sauvée, juste en me proposant de courir ou de faire une séance de reformer ou de crossfit avec elles.
Depuis ce moment-là, j’ai compris que mon corps, qui m’avait lâchée pendant ma dernière grossesse, pouvait en fait me porter, se délester de ce que je ne voulais plus porter, me rendre forte, me permettre de tout traverser. Je fais maintenant du sport 3 à 4 fois par semaine, minimum.
Quelles sensations physiques et émotionnelles le sport vous apporte-t-il aujourd’hui en tant que maman ?
La force. Parfois, je n’ai pas envie, je me sens débordée. Il faut gérer les enfants, gérer ma boîte, ma création de contenu, le relancement de ma marque solidaire @allezlamour. Je me dis : c’est trop, je n’ai pas le temps.
Mais aujourd’hui, je me priorise, et je priorise ces moments avec moi-même. Je sais que c’est parce que je fais du sport, parce que je consacre ce temps — un temps non négociable — que je suis une meilleure mère. Je me sens plus forte, physiquement et psychologiquement. Parce que je vais mieux. Parce que je me priorise. Parce que ce temps pour moi, sans mes enfants, fait que je suis plus présente quand je suis avec eux.
Donc ça m’apporte définitivement de la force dans tous les aspects de ma vie.
Comment arrivez-vous à concilier maternité et sport dans votre quotidien ?
Je considère le sport comme aussi important qu’un rendez-vous professionnel. Je le fais donc en semaine quand ma fille est à l’école. Je gère mon planning de travail en fonction.
Que diriez-vous à une femme qui aimerait prendre ce temps pour elle mais qui ne sait pas par où commencer ?
Caler ces rendez-vous dans ton planning comme des rendez-vous professionnels. Ne les annule qu’en cas de vraie urgence (le travail ou les enfants ne sont pas une urgence). Considère-les vraiment comme des rendez-vous professionnels. Trouve une copine qui a aussi envie de s’y mettre. Le faire à deux peut renforcer la motivation.
Si l’argent est un sujet : demande des cagnottes pour tes anniversaires, les fêtes, etc., et utilise l’argent pour booker tes cours de sport, t’équiper ou payer des nounous si tu n’as pas de relais.
Comment avez-vous vécu la transformation de votre corps pendant et après la grossesse ?
J’ai pris, sans vraiment m’en rendre compte, entre 15 et 20 kg avant et après mon accouchement. Mais ce n’est pas tant la grossesse (plutôt courte, j’ai accouché à 26 semaines) que l’immobilisation allongée pendant un mois en grossesse pathologique, et les 4 mois à l’hôpital avec ma fille, dans une couveuse entre la vie et la mort, qui m’ont fait prendre ce poids.
Je me suis mise à détester mon corps de ne pas avoir mené cette grossesse à bien, d’avoir mis ma fille autant en danger. Je ne me trouvais pas « moche » avec ces kilos en plus. Je m’en fichais. Mais c’est comme si j’étais devenue quelqu’un d’autre, et que mon corps m’était devenu étranger. Un peu comme une dissociation.
Quels sports ou pratiques vous ont aidée à vous sentir bien dans votre corps ?
La course à pied au bord de la mer. J’habite à Marseille, ça aide. Les cours de reformer chez Episod à Paris, et chez Paradiso Pilates et Tonic Pilates à Marseille.
Quelle serait la bande-son de la session parfaite ?
Alors je sais que je passe pour une folle quand je dis ça, mais quand je cours, je n’écoute pas de musique, ça me « déconcentre »… J’écoute des podcasts !
J’ai besoin que mon cerveau fonctionne en permanence, et seul le fait d’écouter un podcast permet à mon cerveau d’arrêter de tourner à fond. Quand j’écoute quelqu’un, je me concentre sur l’histoire. Ça m’apaise, et ça m’aide à traverser l’effort physique.
J’adore écouter Ressentir, Legend, Le Goût de M, Tant qu’il y aura des hommes, Bliss Stories, La Poudre (je sais que c’est fini mais je réécoute certains épisodes), Femmes d’exception, France Inter (la matinale).