Anabelle : jongler avec toutes ses facettes
Dans la lumière douce et solaire de Marseille, NOO et talm se sont réunis pour célébrer la pluralité des femmes. Ensemble, nous avons imaginé une série de portraits intimes, vrais, sensibles. Des récits de maternité, de corps, de transmission, d’amour et de liberté. Nous avons tendu l’oreille à celles qui donnent la vie, se cherchent, se réinventent, chaque jour un peu plus.
À travers leurs regards, leurs silences, leurs mots, elles nous livrent un témoignage unique. Celui d’une féminité multiple, mouvante, assumée. Un hommage sincère à toutes les femmes, à toutes les mères.
Pour cette série, nous avons rencontré Anabelle.
Nail artist et jeune maman, elle incarne cette maternité sensible et assumée, traversée de doutes, de force et de beauté. Elle nous parle avec justesse de ce lien maternel qui met parfois du temps à naître, de la peur de se perdre, mais aussi de cette fierté retrouvée : celle de rester pleinement femme, tout en devenant mère.
Anabelle, qui es-tu aujourd’hui, en quelques mots ?
Je suis nail artist, installée à Marseille depuis quelques années, et maman d’une petite fille, Max, qui a un an et demi.
Avant sa naissance, mon métier occupait une place centrale dans ma vie. J’étais très investie, presque accro au travail. Et puis il y avait mon couple, une relation fusionnelle que je partage avec mon compagnon depuis sept ans.
Aujourd’hui, je suis tout ça à la fois : une femme amoureuse, une artiste passionnée, une maman qui apprend chaque jour, et qui essaie de garder l’équilibre entre toutes ces parts de moi.
Ta grossesse n’était pas prévue, mais tu dis qu’elle est devenue le fruit de votre amour. Qu’est-ce que cette décision a transformé dans ton couple ?
C’est vrai, ce n’était pas prévu. Mais quand on a appris que j’étais enceinte, c’est arrivé comme une évidence.
On était très amoureux, alors on s’est tout de suite sentis prêts à se lancer dans cette aventure. Ce qui comptait pour moi, c’était de former une vraie équipe.
Et c’est ce qu’on a fait. On a toujours été des piliers l’un pour l’autre, et je n’ai jamais douté qu’il serait le père parfait pour mon enfant. Ce choix n’a pas fait naître l’amour entre nous : il l’a renforcé.
Tu as vécu une très belle grossesse, presque lumineuse. Qu’est-ce que tu as aimé dans cette période de transformation ?
La puissance de mon corps m’a bouleversée. Je ne m’attendais pas à ressentir autant de bien-être dans cette période.
Je me suis sentie forte, alignée, épanouie. En fait, j’étais bien dans ma peau, mieux que jamais. Il y avait quelque chose de très sensuel, presque sacré, dans cette transformation. Je me sentais belle, vivante… et même un peu plus sexy.
Peux-tu nous parler de ton accouchement, et de ton post-partum ?
L’accouchement s’est très bien passé. Mais ensuite, tout s’enchaîne très vite.
Tu deviens mère en une seconde, sans mode d’emploi. Ton corps est encore marqué, les hormones te jouent des tours, et tu dois déjà t’occuper d’un petit être que tu ne connais pas encore.
C’était un moment très intense. J’étais là, face à ma fille, mais sans ressentir immédiatement ce lien dont tout le monde parle. Et je culpabilisais de ne pas le vivre comme “il faut”.
Tu dis que le lien avec ta fille a mis du temps à se créer. Est-ce que tu peux nous parler de ce moment charnière, où l’amour est apparu ?
C’était environ vingt jours après sa naissance. Nous étions seules à la maison. Elle pleurait, inconsolable, et moi j’étais complètement dépassée.
J’ai allumé l’enceinte et mis une chanson que j’aime beaucoup : Pink + White, de Frank Ocean. Et là, à la première note, j’ai ressenti quelque chose.
Je l’ai regardée, elle m’a regardée. C’était silencieux, suspendu. Dans ses yeux, j’ai senti une connexion. C’est à ce moment précis que l’amour est né.
Dans ton récit, il y a beaucoup de sincérité, et aussi parfois de solitude. Est-ce que tu as culpabilisé de ne pas ressentir ce qu’on attend d’une “bonne mère” ?
Énormément. Parce qu’on entend souvent que l’amour maternel est immédiat, instinctif, presque magique. Et moi, je ne l’ai pas ressenti tout de suite.
C’était anxiogène. J’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose, que je n’étais pas « normale ». J’ai gardé ce sentiment pour moi, en attendant ce fameux moment de bascule.
Il a fini par arriver, mais je crois qu’on devrait dire aux femmes que c’est normal si ça prend du temps.
Tu es une femme très investie dans ton métier, passionnée, artiste. Est-ce que tu as eu peur que la maternité t’enlève quelque chose de toi ?
Clairement. J’ai eu peur de me perdre, de ne plus être que “maman”.
Pendant la grossesse, on reçoit tellement d’avis, souvent négatifs : “Tu verras, ta vie va complètement changer”, “Tu ne pourras plus rien faire…”
Mais une fois que Max est arrivée, j’ai compris que ce n’était pas forcément vrai. Oui, les premiers mois sont intenses. Mais une fois que tu trouves ta routine, tout s’apaise. Et surtout, tu n’es pas obligée de t’effacer.
Aujourd’hui, tu es mère ET cheffe d’entreprise. Comment arrives-tu à jongler entre ces deux mondes ?
Ça m’a demandé du temps, mais j’ai trouvé mon rythme. J’ai mis des années à construire ma voie, et je suis fière d’être là où j’en suis aujourd’hui.
Mon travail fait partie de mon équilibre. J’en ai besoin pour être bien dans ma tête, et donc être une maman épanouie.
Le fait d’être indépendante, de gérer mon propre salon, me donne une vraie liberté. Je peux organiser mes journées, répartir mon temps entre mon bébé et ma passion.
Tu parles beaucoup de ton partenaire comme d’un pilier. Qu’est-ce que ça change, d’être si bien accompagnée dans la maternité ?
Ça change tout. C’est rassurant d’avoir une épaule sur laquelle se reposer, de pouvoir se relayer, partager les tâches.
Mais au-delà de ça, c’est beau de le voir s’épanouir dans son rôle de père. Il prend sa place pleinement, naturellement, avec la volonté d’être aussi présent que moi dans l’éducation de notre fille.
C’est un vrai partenariat. Et c’est ce qui rend cette aventure beaucoup plus douce.
Si tu pouvais parler à la femme que tu étais avant d’être maman, qu’est-ce que tu lui dirais ?
Je lui dirais : ne t’inquiète pas.
Suis ton instinct, ne te laisse pas envahir par les discours négatifs.
Et si tu sens que tu es bien accompagnée, alors avance avec confiance. Communique, reste bienveillante envers toi-même.
Crédits : Yosra Far, pour NOO et talm
Anabelle porte la brassière Edgy Black, le pantalon Fit Black et l'ensemble White Roses de NOO