Post-partum, créativité et joyeux chaos : les confidences de Lisa Gachet

Créer, donner la vie, diriger une entreprise, aimer, douter, recommencer… Lisa Gachet est de celles qui embrassent la complexité du quotidien avec authenticité. Fondatrice de Make My Lemonade, maman de deux jeunes enfants, elle partage ici son expérience de la maternité avec des mots justes, sans filtre ni fard.

Accouchements bouleversants, post-partum vulnérable, rituels de soin tendres et besoin de lenteur dans un monde qui va trop vite : Lisa raconte tout, avec la douceur et la force des femmes qui traversent. Une interview sensible, puissante, où l’on parle d’amour fou, de manucures salvatrices, de Mega Water, et de cette boussole intérieure qu’est la parole.

Bienvenue dans un moment suspendu, à cœur ouvert.

Pendant tes grossesses, qu’est-ce qui a vraiment pris le pas sur tes pensées ?

Une forme de sidération, je crois. J’étais fascinée par ce que mon corps était capable de faire, sans que j’aie à le lui demander. C’était très physique, et en même temps j’ai trouvé ça facile, naturel. Je me souviens des sensations quand je sentais les enfants bouger dans mon ventre, comme si une autre vie se déroulait en parallèle de la mienne. Et j’adore, rétrospectivement, leurs comportements in utero : c’était déjà complètement eux ! Deux expériences très différentes.

Tu as vécu deux accouchements compliqués. Si tu prends un instant pour revivre ce moment, qu’est-ce qui te revient ?

Je pense que j’ai mis du temps à réaliser que le premier avait été traumatique. Une intensité bouleversante. Une solitude immense, même entourée. La peur aussi, et en même temps, cette force instinctive qu’on découvre dans l’urgence. Et puis le basculement total, la métamorphose, en l’espace de quelques secondes : on n’est plus jamais la même après.

Dans le post-partum, qu’as-tu découvert de toi-même ?

Une vulnérabilité que je ne me connaissais pas, une fatigue qui te vide, mais aussi une capacité à aimer à un niveau presque insoutenable. Et ce besoin de lenteur, d’une lenteur absolue que la vie moderne n’autorise pas.

Y a-t-il eu une main, une phrase, un regard qui t’a aidée à tenir ?

Oui. Pour mon second post-partum, je n’ai pas essayé de faire la fière. J’ai accepté de capituler et de demander de l’aide. Lazare avait un gros RGO (reflux gastro-œsophagien), il pleurait absolument tout le temps jusqu’à ce qu’on le diagnostique. Suzanne avait à peine 20 mois, mon congé maternité avec Make My Lemonade n’a pas été un congé à part entière, c’était difficile de couper complètement. Et mon mec commençait un nouveau boulot. Bref, les premières semaines ont été MEGA compliquées. L’assistante maternelle de la PMI (protection maternelle et infantile) a senti la détresse et on a eu la chance d’avoir l’aide d’une personne extraordinaire : Deborah, une TISF (technicienne de l’intervention sociale et familiale), qui a été ma béquille en venant quelques heures par semaine pour m’aider avec Lazare.

Un produit talm  t’a-t-il accompagnée durant tes grossesses ? Et dans ton quotidien aujourd’hui ?

Oui, l’huile corps. Je crois que je l’ai apprivoisée comme un geste tendre, un rituel rien qu’à moi. Je continue à l’utiliser comme un doudou, et j’avoue que je tartine les enfants dès la moindre rougeur ou sensation de peau qui tiraille en hiver. Et je suis complètement accro à la Mega Water : ma peau n’a jamais été aussi belle que depuis que je l’utilise.

Aujourd’hui, vous êtes quatre. Comment vit-on ensemble ?

C’est un joyeux chaos, mais organisé à sa manière. Il y a des rituels, des dessins et des Duplo partout, des calendriers surchargés… et au milieu de tout ça, je trouve des brèches pour Kévin et moi : un soir par semaine, on se priorise. Et ma place, je la défends timidement, dans les interstices, souvent avec culpabilité, mais je le fais pour mon bien-être.

Tu diriges Make My Lemonade, et tu es maman. Comment vis-tu ce mélange ?

Avec de grandes oscillations. Mais depuis trois ans, je dirige MML avec Inès, ma directrice générale, donc c’est une vraie partenaire pour le quotidien pro. Après, pour le côté perso, il y a des jours où je suis au bon endroit, au bon moment, où tout semble glisser… et d’autres où j’ai l’impression d’enchaîner les galères et les caprices. La vie, quoi. C’est une gymnastique constante. Mais j’ai appris à demander de l’aide, à déléguer, à faire confiance.

En quoi la maternité a-t-elle modifié ta créativité ?

Je pense que j’ai gagné en profondeur, en intuition. J’ai moins le temps de créer quand j’en ai envie. J’ai appris à dompter l’inspiration et à ritualiser mes moments de création pour tout faire rentrer dans mon agenda. Ce n’est pas une science exacte, mais j’ai la sensation d’être beaucoup plus efficace.

Quand tout s’emballe, quel est ton petit truc à toi ?

Tout mettre en pause et partir me faire faire une manucure. Lol. Ce n’est pas une blague, mais c’est un moment où je ne peux pas m’agiter ni fabriquer, donc c’est une heure d’introspection forcée. Cela pourrait être un massage aussi, mais je trouve que les bienfaits sont de courte durée, alors qu’une manucure colorée me met en joie pendant des semaines, dès que je pose les yeux dessus.

Depuis que tu es maman, ressens-tu une responsabilité différente dans ce que tu transmets ?

Oui, clairement. Je pense à ce que je laisse derrière. À ce que mes enfants comprendront de mes choix, de mon engagement. Je veux qu’ils voient une femme libre, faillible aussi, mais alignée. Je travaille beaucoup, mais j’adore ça. Je veux qu’ils me voient épanouie et que je me donne les moyens de mes ambitions. Je ne sacrifie rien, car quand je suis à la maison, je suis 100 % là aussi.

Les moments les plus denses, comment tu les traverses ?

En me recentrant sur l’essentiel : bien dormir (dans la mesure du possible), manger (dans la mesure du possible), les câliner — c’est le plus simple, ça. Et en nommant les choses. Quand je dis que ça ne va pas, ça va déjà un peu mieux. Ma boussole, c’est la parole.

Un tout petit moment de joie récent ?

Tous les jours, il y a de la joie. Déjà, entendre ses enfants parler entre eux, c’est fou. Découvrir leurs goûts, les écouter me raconter n’importe quoi, c’est trop bien ! Et les faire rire, c’est ma drogue dure.

Un enseignement inattendu de la maternité ?

Il y en a plusieurs, mais je dirais : l’humilité ! Je pensais que je serais au-dessus des lois impénétrables de la parentalité. Que le post-partum serait une formalité, que mes enfants dormiraient bien tout de suite, que les dents ne feraient pas mal, que l’arrêt de la tétine serait trop facile. Vraiment, pour qui je me prenais… Et puis j’ai aussi découvert que le temps peut être élastique. Qu’on peut vivre une journée épuisante et magnifique en même temps.

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