La maternité quand on est médecin par Jade

J’ai rencontré Jade lorsqu’elle était enceinte de 24 semaines. Jade est médecin ophtalmologiste, et elle est aussi brillante que belle. Elle m’a parlé de plein de choses : comment elle avait appris qu’elle était enceinte, ce que ça impliquait quand on est en poste à l’hôpital, comment elle appréhendait sa future maternité et ce qu’elle faisait pour prendre soin d’elle pendant cette période si particulière : sport, beauté, alimentation... ⠀

Merci Jade de m’avoir accordé cet entretien et encore bravo pour la naissance de ta petite Ora !

Photographie Emma Bedos pour talm

 

En fait je me suis endormie sur le parquet de mon bureau à l’hôpital et je me suis dit “soit j’ai une maladie très grave soit je suis enceinte !” et c’est comme ça que je m’en suis rendue compte

To all the mamas : Jade, peux-tu m’expliquer ton travail à l'hôpital et comment se passe ta grossesse dans ce contexte professionnel ?

Jade : Je suis ophtalmo dans un service hospitalo-universitaire – je n’ai pas de journée type mais je me partage entre une activité mixte, c’est à dire de la consultation pure et du bloc opératoire – au niveau des horaires, c’est toujours à peu près la même chose : on commence aux alentours de 8 heures et on finit autour de 18 heures à peu près mais on peut avoir des astreintes – cela signifie que tu es appelée pour les urgences chirurgicales – si on reçoit une urgence on doit être disposé à réagir !

Le premier trimestre n’était vraiment pas agréable... La plus grosse difficulté pour moi c’était l’échange en consultation avec les patients – c’est à dire devoir mobiliser dans l’instant pour expliquer, discuter avec les gens. J’ai trouvé cela moins difficile pour la partie chirurgicale qui est très protocolisée – en fait, depuis des années je suis formée à faire la même chose. C’est donc surtout le côté consultation qui a été très compliqué : ça se voit quand tu es malade ! Pour des patients qui viennent consulter, qui viennent à l'hôpital, il y a déjà du stress, beaucoup d’attente, les gens sont là pour être rassurés ce qui est compliqué quand on a le teint vert !

To all the mamas : Tu as été très malade au premier trimestre ?

Jade : Les nausées ça été un on/off et à 4 mois plus rien ! Beaucoup de fatigue – j’étais épuisée et c'est comme ça que je me suis dit “ah tiens peut-être que je suis enceinte”, parce qu’évidemment tout ce qui est calcul, suivi du cycle, point rouge dans un agenda tout ça… faut oublier ! En fait je me suis endormie sur le parquet de mon bureau à l’hôpital et je me suis dit “soit j’ai une maladie très grave soit je suis enceinte !” et c’est comme ça que je m’en suis rendue compte. Après les nausées, j’ai été malade, j’ai vomi – et surtout j’étais mal dans ma peau – psychologiquement j’étais pas là, j’étais un peu en dehors. Mes goûts alimentaires ont changé du tout au tout pendant le 1er trimestre mais là je suis de retour !!

Le premier trimestre c’est un peu la triple peine parce que tu ne sens pas ton bébé bouger donc tu ne te sens pas enceinte, tu te sens juste malade

Photographie Jade Landman

To all the mamas : Est-ce que tu as eu des envies ou des changements alimentaires ?

Je suis issue d’un foyer mixte avec un père vietnamien où on n’a jamais mangé de pain à la maison, je n’ai jamais connu le “achète une baguette en rentrant” ! Enceinte : j’ai mangé 3 mois du pain blanc (rires) – j’étais aussi dégoûtée par tout, impossible de faire cuire un truc un peu odorant mais pareil du jour au lendemain tout était fini.

To all the mamas : Ca a été difficile pour toi de cacher ta grossesse les 3 premiers mois ?

Jade : Le premier trimestre c’est un peu la triple peine parce que tu ne sens pas ton bébé bouger donc tu ne te sens pas enceinte, tu te sens juste malade. En plus j’avais en tête la fréquence élevée de 25% de fausses couches spontanées au premier trimestre donc c’était difficile pour moi de me réjouir et de partager l’info … mais d’un autre côté t’es un peu ambivalent en te disant mais oui mais les gars si je fais une fausse couche je vais vouloir en parler à mes proches ! Qu’est-ce que je leur dirais « j’étais enceinte et c’est fini »? Je trouve ça peut être pire... J’ai eu du bol parce qu’il y a eu 3 semaines de vacances donc j’étais loin de Paris et je n’ai pas eu besoin de simuler aux gens que tout allait très bien - en plus le fait de faire comme s’il ne se passait rien auprès de tes proches est super éprouvant. Le premier trimestre c’était pas évident !

To all the mamas : Comment s’est passée l’annonce à tes proches ?

Jade : On l’a annoncé relativement tard à nos proches, toujours cette histoire de 25%, en se disant on n’a pas envie de les impliquer si tôt – c’était pas tellement pour le cacher ou pour avoir à assumer une fausse couche, parce que je n’ai aucun problème à assumer quelque chose qui n’est pas une faute, c’était surtout de ne pas se mettre en mode grossesse si c’était pas le cas derrière, c’était plus pour nous – je me souviens quand Ben m’a demandé en mariage il s’est passé une petite semaine où on ne l’a dit à personne pour garder le truc pour nous - et après c’est hyper intime je trouve de décrocher son téléphone pour appeler des amis en disant « je suis enceinte » je l’ai d’ailleurs pas beaucoup fait.

To all the mamas : comment tu l’as annoncé à ton mari ?

Jade : Pour Ben, on était complètement ensemble, je l’ai appelé « je suis allongée sur le sol là, il doit y avoir un truc, achète un test » on l’a fait ensemble, on a vu le résultat ensemble, c’était une annonce conjointe! C’est marrant c’était le jour de nos dix ans de rencontre d’ailleurs, où on allait chez Jean-François Piège et où vraiment je n’ai pas pu manger grand-chose (rires) !

Photographie Emma Bedos pour talm

Après pour le reste des gens, on a attendu la première écho et donc on a envoyé la photo de la première écho et puis c’est tout - je pense que c’est une vraie déformation professionnelle mais c’est quelque chose d’hyper médicalisé, en le disant aux gens j’avais l’impression de les faire rentrer dans mon dossier médical, le terme, les échos, etc.. Je pense qu’il y a un truc comme ça que je vis un peu différemment peut-être de quelqu’un qui ne bosserait pas à l’hosto où j’ai vraiment l’impression de donner des informations médicales sur moi-même à autrui (rires)! C’est plus moi qui ai du mal à en parler mais je n’ai pas de mal à recevoir les questions.

Je me suis beaucoup posé la question, comme toutes les femmes enceintes je pense, “quelle est mon attitude par rapport aux gens qui veulent toucher ou qui touchent mon ventre ?” et en fait ça ne me dérange pas ! Les proches ont tendance à ne pas demander… Après je bosse dans un gros service, les infirmières me demandent beaucoup et je ne refuse jamais parce que ça reste bien intentionné, je comprends le côté “c’est mon corps” et en fait j’ai constaté que je m’en foutais, qu’il fallait que je choisisse mes combats et que celui là c’était clairement pas le mien!

To all the mamas : Comment a été reçue l’annonce de ta grossesse au travail ?

Jade : J’ai dû l’annoncer un peu plus tôt à mes très proches collaborateurs parce qu’on faisait le planning des gardes et que je voulais les rassembler sur les deux premiers trimestres de grossesse pour éviter d’avoir à me lever au milieu de la nuit à 8 mois – je leur ai dit un petit plus tôt en leur disant « écoutez ne dites rien, j’ai rien dit au patron.” La nouvelle a été très très bien accueillie. On est toutes de la même tranche d’âge sur mon poste : toutes trentenaires. Le chef de service l’a d’ailleurs dit à une de mes collègues « quand on emploie quelqu’un qui est trentenaire, qui est mariée on s’attend à ce genre de chose !” C’est complètement ok.

Moi je suis plus dans “si j’avais pu il aurait porté l’enfant à ma place!”

To all the mamas : J’ai l’impression que tu évolues dans un cadre plutôt bienveillant : les infirmières qui font attention à toi, ta hiérarchie qui s’y attend - donc finalement tu échappes à ce que vivent parfois les femmes au moment de l’annonce de leur grossesse.. la culpabilité !

Jade : La culpabilité a plutôt été portée, et est toujours portée par mon mari ! Il prend un nouveau poste au moment de mon terme - donc potentiellement au moment du congé paternité, voilà.. il fait beaucoup plus d’heures que moi et il a beaucoup plus de mal à se libérer du temps pour venir avec moi aux rendez-vous médicaux. Ça lui demande une plus grande gymnastique pour faire une échographie ou ce genre de choses.. alors que moi, je travaille en face de Port-Royal donc autant te dire que c’est pratique! Il a dû annoncer ma grossesse à son futur patron et s’est vraiment demandé comment il allait le faire !

 

Photographie Jade Landman

To all the mamas : Comment arrives-tu à l’intégrer à ta grossesse? Certains papas se sentent parfois exclus.

Jade : Moi je suis plus dans “si j’avais pu il aurait porté l’enfant à ma place !” Ben est plus dans une réflexion autour de la transmission. On n’est pas trop branchés haptonomie, de manière générale on ne cherchait pas tellement de méthode pour faire de la place au papa. En revanche, ça le fait marrer de la voir bouger et il est très très aidant, je n’ai pas à me plaindre de charge mentale! - Pour autant, il n’y a pas trop de place faite au père pendant la grossesse, c’est sûr. Mais il est malgré tout super impliqué - il était là aux échos, c’est hyper marrant ces moments, c’est une rencontre !

To all the mamas : Tu as eu des inquiétudes ou des angoisses particulières à cause de ta grossesse ?

Jade : Toute mon angoisse vis à vis de ma future maternité s’est déplacée sur le côté professionnel ! La grossesse n’est pas un état qui m’angoisse - je suis prise dans le rythme - pour la première fois de ma vie en revanche je me suis réveillée à 5h du mat en pensant à mes patients en me disant que j’avais peut-être oublié un truc - l’inquiétude s’est déplacée sur le pro en maternant des patients qui n’ont pas besoin de l’être ! J’ai clairement déplacé le curseur et eu un peu de mal à lâcher de ce côté là. Je n’ai pas eu d’histoires de fraises à 4h du mat et de blanquettes de veau.

To all the mamas : Et comment tu te sens ? Ton rapport au corps ?

Jade : Je n’ai pas du tout eu ce truc de mega féminité - en revanche ça me fait marrer de voir le regard de l’autre sur ma grossesse - en terme de mignonnerie la femme enceinte peut être détrônée par des petits chiots mais rien d’autre je pense ! Les gens te dévisagent dans la rue comme d’habitude et hop d’un coup tombent sur ton ventre et “oh on est heureux d’être tombés sur une femme enceinte” c'est fou l’effet que ça fait sur les les gens et sur les patients aussi ! Ils sont hyper contents. C’est vraiment rigolo !

Photographie Emma Bedos pour talm

 

Je n’ai pas changé mes routines parce que je suis de base plutôt green mais de façon complètement paradoxale

To all the mamas : Et comment tu gères la partie moins fun, les interdits ?

Jade : Je ne suis pas immunisée contre la toxoplasmose… Toutefois, ce que je peux constater autour de moi c’est que les femmes qui ont un deuxième enfant sont moins stressées généralement ou quand elles font partie du corps médical! Les femmes non médecin sont beaucoup plus rigoureuses que nous sur les interdits je crois : et c'est très bien! Ça signifie que nos messages passent bien en revanche ça veut dire que nous même faisons n’importe quoi! Mais je fais quand même gaffe pour la toxo. De base je ne mange pas ni poisson cru ni de viande crue donc ça va. Mais je m’autorise à commander des salades le midi, je ne suis pas trop inquiète. Je commande à manger sans problème : je bosse dans un hosto hein! Donc la salade a de fait un goût de javel !

Pour le reste : je fumais avant - j’ai la cigarette mondaine - mais il n’y a pas eu une fois où j’ai eu envie d’une cigarette parce qu’il n’y a pas eu une fois où j’ai bu un verre de vin.. Pour moi c’est vraiment l’association des deux ! Pour l’alcool, j’en parlais d’ailleurs avec mes copines hier parce qu’on a eu un marathon de cinq mariages cette année, et autant boire un verre de champ au moment du cocktail pendant un mariage où tout le monde est joyeux ca me manque autant la cigarette ne me manque pas trop.

Après l’obsession des différentes huiles ou crèmes que la cousine/ copine recommande, j’ai fait une consommation exponentielle de produits d’hydratation pour le corps !

Photographie Jade Landman

To all the mamas : Quelles sont tes habitudes beauté ? Tu as changé beaucoup de choses depuis que tu es enceinte ?

Jade : Je n’ai pas changé mes routines parce que je suis de base plutôt green mais de façon complètement paradoxale ! Pour tout ce qui est skincare et cheveux je suis complètement green et pour ce qui est maquillage, après moult essais, je suis restée sur des marques plutôt semi-pro à la Mac et Urban Decay. Pareil pour le zéro déchet j’essaie d’utiliser des shampoings solides, des lingettes lavables à la machine etc... mais paradoxalement ça ne me dérange pas d’avoir 50 rouge à lèvres...

Il y a certains produits que je n’utilise plus : je ne mets plus de parfum. J’ai également changé de déodorant pour en utiliser un sans huile essentielles de chez Omum spéciale femme enceinte, la marque blanche et violette (il faut vraiment faire quelque chose avec les couleurs layette en revanche!) mais sinon en dehors de ça je n’ai pas changé du tout, j’étais déjà dans ce genre de préoccupations. J’ai essayé de moins tester de nouvelles choses - et de rester sur ce que je connaissais.

 

To all the mamas : Tu as fait quelque chose de particulier pour accompagner ton corps dans sa transformation ?

Jade : Ça fait partie des préoccupations du 1er trimestre - mon ventre est sorti vers le 4e mois. J’étais dans l’angoisse totale de la modification corporelle. J’avais peur de ne pas me reconnaître. J’ai l’angoisse de la non-restitution de mon corps ad intégrum derrière en fait ! Dès le début, mais vraiment dès J1 j’y ai pensé! C’est le premier truc auquel j’ai pensé.. et là encore je ne parle que des trucs qui se voient et qui ont un rapport avec la beauté parce que le côté médical - le prolapsus, le périnée, tout ça .. - c’est encore autre chose. Ça m’a peut être moins inquiété parce que je sais qu’un accompagnement est possible avec la rééducation etc…

Photographie Emma Bedos pour talm

To all the mamas : comment tu as fait alors ? Des conseils ?

Jade : Après l’obsession des différentes huiles ou crèmes que la cousine/ copine recommande, j’ai fait une consommation exponentielle de produits d’hydratation pour le corps ! Mais il y a surtout la question du poids bien sûr. Le mythe de “il faut manger pour deux” a du plomb dans l’aile.

J’essaie de maintenir une activité physique mais ce n’est pas facile : je fais de la marche, du yoga et de la piscine. Je marche en rentrant de l’hôpital ça me fait une soupape et ça me permet de sentir mon corps qui fait ce que je lui dis, c’est vraiment un plaisir. La piscine c’est cool parce qu’il y a des horaires pratiques, j’y vais le matin ou parfois pour couper la journée. Et le yoga chez Casayoga est top. J’ai fait du Gong Bath aussi !! Pendant 1h30 tu es dans une salle avec des tapis de sols et des coussins dans tous les sens puis tu t’allonges comme tu veux et il y a un mec qui a une trentaine de gongs et de bols tibétains. Ça vibre énormément! C’est censé être de la méditation guidée - pour moi ça n’a pas forcément fonctionné mais la petite a bougé pendant 1h30 c’était trop marrant. Mais l’effet sur ma psyché était relatif !

To all the mamas : Ça a l'air super sympa! Et est-ce que tu vas suivre des cours de préparation à l’accouchement ? Comment tu appréhendes l’accouchement d’ailleurs ?

Jade : Les cours de préparation à l’accouchement sont prévus ! Pour ce qui est de l’accouchement, je suis complètement dans le « me faire guider » - je ne suis pas du tout portée sur l’accouchement physiologique, j’ai un projet de grossesse qui est très simple, à savoir la péridurale et que tout se passe bien, en étant dans les meilleures conditions de sécurité possibles.

Après, je n’ai pas du tout ce rapport d’étrangeté avec l’hôpital ! Je passe plus de temps à l’hôpital qu’à la maison, donc c’est un lieu rassurant en fait. C’est même un service où j’ai bossé, donc c’est un lieu très familier. C’est ce que disent je crois les femmes quand elles disent qu’elles veulent accoucher chez elle, « je veux être dans un lieu familier qui me rassure » et c’est complètement l'approche que j’ai avec l’hôpital, j’ai les codes de l'endroit. La seule « appréhension » que j’ai pour le moment c’est que je sais qu’avoir une patiente - et en l’occurrence un couple de patients médecins - quand toi même tu es soignant c’est une pression supplémentaire et que c’est finalement beaucoup plus compliqué de soigner les médecins ! Et c’est aussi plus compliqué d’être patient ! Je pense qu’on a du mal à se faire guider. Mais la chance qu’on a aussi c’est qu’on est psychiatre et ophtalmo donc autant te dire que la gynéco .. (rires) on n'a pas d’avis sur la question! C’est un domaine où on n’y connaît pas grand chose, le test du diabète gestationnel je le découvre comme n’importe quelle femme par exemple! Ce sont des souvenirs de fac un peu lointains ! Et on le dit à tous les soignants qu’on rencontre « non non mais expliquez nous tout » en général ils sont un peu gênés! Par exemple à une échographie le médecin nous a dit « bon là bien sûr c’est la tête » mais la dernière fois que j’avais vu une échographie c’était à la fac !

La première écho c'est vraiment le reboost du premier trimestre !

Photographie Emma Bedos pour talm

To all the mamas : comment se sont passées les échographies ?

Jade : Étant toubib, j’ai fait beaucoup d’échos… Parce que tu as toujours une copine pas loin! Dès que tu as un petit doute hop on te fait un petit coup d’écho. Tu vois là à 24 semaines j’ai déjà fait 6 échos minimum (rires).

La première c’était l’écho de datation qui n'était pas obligatoire mais simplement pour vérifier que la grossesse était bien évolutive et au bon endroit dans l’utérus. On partait 3 semaines à l’étranger c’était pour s’assurer qu’il n’y avait pas de souci sur place donc j’ai juste fait un petit coup d’écho à Port-Royal : c’est là où j’ai vu un petit haricot déjà avec un petit cœur qui bat. C’est rigolo mais c’est vraiment de l’anatomie.

La première vraie écho c’était avec Ben et c’était vraiment émouvant de le voir ému! Parce que lui pour le coup c’était la première fois où il voyait la petite - ça devient concret à ce moment je trouve - la première écho c'est vraiment le reboost du premier trimestre ! Quand tout le monde me disait “ il faut bien se rappeler que la grossesse n’est pas une maladie!” mais qu’en fait tu ne sens pas encore ton bébé bouger et que tu te sens juste malade, la 1ère écho c’est vraiment le truc qui te fait réaliser qu’en fait tous ces désagréments c’est pour un truc un peu plus cool que ce que tu es en train de vivre !

La deuxième échographie, la morphologique (bon il y en a eu quelques unes bonus entre temps hein) : j’avais entendu que beaucoup de personnes la vivent avec de l’appréhension et c’est normal : on a peur des mauvaises nouvelles etc… mais étant donné que j’en avais eu quelques unes avant je savais globalement que ça allait bien et qu’il n'y avait normalement pas de grosses surprises on n’était pas angoissés. Quoi qu’il en soit c’était marrant! Pour le coup tu vois tout, tu la vois bouger, tu la vois déglutir... Après encore une fois je pense qu’on a la déformation professionnelle, j’en parlais avec une copine qui est médecin et qui est enceinte, quelqu’un d’assez angoissé, je lui ai dit “bon écoute tu as passé le premier trimestre on souffle?” Et elle m’a dit “non j’attends le seuil de viabilité” qui en France est globalement à 25 semaines. Cela veut dire qu’on ne réanime pas un bébé avant 25 semaines. Et je comprends en fait. J’ai toujours une modération de ma joie en me disant “oui tout va bien mais ne t’emballes pas il faut continuer”.

J'ai pourtant commencé à acheter des fringues : Ben est extrêmement contre cette démarche pour plein de raisons, déjà parce qu’elle n’est pas encore là, mais lui si on l’écoutait on devrait la mettre dans un carton à son arrivée de la maternité et on attendrait de voir comment elle se débrouille avant d’acheter un lit quoi! Moi j’ai pas trop ce truc là, de toute façon advienne que pourra !

Pour le prénom on a une short list, c’est très bien que ce soit une fille parce que pour un garçon on n’avait rien! Et c'est du connu. J’ai une petite sœur, je me projette bien !

 

Propos recueillis par Kenza Keller

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